Un résumé annuel avec un peu plus d'affirmation en poésie et toujours une toile de fond assez sombre.
Ensorceleuse, M (XXIe siècle)
Elle dansait dans la sphère
Ses cheveux de feu volant autour de sa face sans visage
Ses courbes désarticulées
Ses doigts fondant dans l’obscurité
Arrière-plan de néant
Sa robe enflammée
Qui disparaissait dans le symbole de la voyante
Un sourire se dessinait derrière son oreille
Cruel et tranchant
Elle tourne le dos, tourne sur elle-même
Elle tourne sans fin, ivre des ténèbres
Elle joue, en tournoyant
Le tissu ondoyant qui ne s’interrompt jamais
Les couleurs de l’automne bougent, coulent, fondent
Sa colonne squelettique grince
Et ses hanches se déboîtent
Elle lève ses bras aux coudes pointus
Mouvements de sorcière qui se lient au brouillard d’ombres
Enchanteresse aux cils d’araignée
À la bouche vermeille et aux dents de scie
Chaque seconde compte, elle le sait
Les pensées se dissipent et la conscience se refait reine
Elle se tourne sous la couverture nuptiale
Il est de dos, elle l’étreint.
J’ai les yeux engloutis
Mon visage de ténèbres
Se reflète sur les ombres
L’obscurité s’embrume
Ma peau disparaît, vaporeuse
Odeur d’humidité pesante
De moisissure ancrée
La poussière forme un brouillard épais
L’atmosphère semble se tasser au sol
Appuyant violemment sur ma poitrine
Je suffoque, j’étouffe
Tétanisée,
Elle pleure.
Nymphe qui pleure, JJ Henner (1884)
L'oiseau mort, Jean-Baptiste Greuze (1800)
Des mirages me surviennent
Comme un jour qu’on étrangle
Une jolie tourterelle
Que je brise, elle tremble
Je me soutiens dans ses cendres
Des ailes qui se déploient et branlent
J’aime la regarder souffrir
Des larmes et mes sourires
Et en vain, un mi-mot
Que son cœur veut répandre
Un murmure, un oiseau
Que sa peur veut prétendre
Une petite tourterelle
Loin du froid de mes membres.
16h32. Le son de la cloche vint claquer en rythme régulier sur l'étendue d'eau, s'accordant avec le tempo des vagues. Quelques mouettes, surprises, s'envolèrent en piaillant. L'homme descendit l'escalier de pierre, poussant un soupir à chacune des marches, après avoir accompli sa besogne quotidienne. Il décida ensuite de s'avachir dans son énorme fauteuil de cuir afin de poursuivre sa lecture, comme si cette idée avait germé d'un coup dans son esprit. En réalité, cette situation se reproduisait tous les jours et cela lui convenait parfaitement. Seul dans sa tourette perdue au milieu de l'océan, le vieillard ne se lassait jamais de ses petites habitudes. Il savait qu'au son de sa cloche, une maison s'effondrait, un enfant tombait d'un balcon, une vieille dame se faisait écraser par une voiture quelque part sur le continent. Il eut un petit sourire satisfait et replongea son nez dans son livre.
Phare de Bell Rock, William Turner (1819)